Nous avons laissé Kermotu aux bons soins de Paul et Hermine à Tahiti et nous sommes rentrés en France pour profiter des fêtes de fin d’année en famille, revoir les uns et les autres, amis et famille. Que du bonheur!
Après le retour d’Edouard en France, nous avons décidé de rester dans l’Archipel de la Société, et tout particulièrement dans les Îles sous le Vent : les RAROMATAI.
Un vent fort et de direction plein Est ne nous a pas donné le choix des destinations. C’est l’Hiver Austral, ici, les températures sont un peu plus fraiches et nous sommes, théoriquement…, dans la saison sèche. Pourtant, nous avons essuyé beaucoup de grains voire de belles journées de pluie…
Les Raromatai se composent de cinq îles hautes : Bora-Bora, Huahine, Maupiti, Raiatea et Taha’a et de quatre atolls qui sont plus difficiles d’accès.
La navigation vers ces îles en partant de Tahiti est assez aisée. Elles se trouvent toutes au Nord-Ouest de Tahiti et donc le vent dominant nous y conduit assez facilement. Chacune est protégée par une barrière de corail avec une ou plusieurs passes qui nous permettent d’y entrer et de profiter des magnifiques lagons.
A l’opposé des Tuamotu, les passes sont, en général, larges et le courant y est plutôt faible. On peut donc entrer pratiquement tout le temps. Bien sûr, de mauvaises conditions météo nous feront éviter d’y passer. Le danger peut toujours être présent et nous restons toujours vigilants dans ces passages.
Nous avons pu explorer d’autres lieux que nous n’avions pas encore vu. Les vélos, bien pratiques, sont souvent de sorties.
Nous aimons bien ancrer dans le bleu magnifique de ces lagons, un peu plus éloigné des villages mais les paysages y sont souvent hypnotisant. Les grandes bandes de sable, derrière la barrière de corail nous permettre d’ancrer en toute sécurité et font un super terrain de jeux pour la planche à voile, le kite ou le Wing à foil.
J’ai eu le grand plaisir de ramener dans mes valises, Edouard, un de mes filleuls qui a pu faire son dernier mois de classe sur Kermotu.
Nous avons donc organisé son séjour en « classe découverte ».
La première découverte étant bien sûr la navigation sur un catamaran de 44 pieds, ce qui n’est pas rien!! Edouard a donc appris à monter la grand voile, rouler et dérouler le génois, poser l’ancre et barrer.
Côté loisir, ce fût : snorkeling, escalade, paddle, randonnée, planche à voile et wing, Il a pu profiter de lieux extraordinaires pour pratiquer ces différents sports.
Il y a eu aussi des côtés corvées, avec grattage des coques, nettoyage des bois du bateau et vaisselle du matin.
Il a donc découvert deux archipels de la Polynésie française, celui des îles aux vents avec Papeete et Moorea et celui des Tuamotu avec Makatea et Rangiroa.
Nous avons été au parc Manao pour le salon des artisans des archipels. Celui des Australes à succédé à celui des Marquises. Nous avons pu admirer le travail de la vannerie très prisée pour la confection des sacs et des chapeaux que toute les Polynésiennes possèdent.
Chaque jour, un groupe de danse se produit sous le chapiteau et nous avons pu assister à celui des marquises, très remarquable par son esprit guerrier.
Puis nous avons pu assister à un des spectacles grandioses qui réunis des grandes troupes de chanteurs et de danseurs de tout l’archipel. Ce sont plusieurs soirées de concours où les artistes s’affrontent dans leur propre discipline. Ce festival existe depuis 1881 et a lieu en juillet.
La danse est une tradition bien ancrée qui se transmet de génération en génération. C’est un élément essentiel des liens entre Tahitiens, la danse est présente aux moments importants de la vie.
Prouesses corporelles avec Force et Virilité à l’honneur chez les hommes. Volupté et Grâce chez les femmes. Ces danses sont reconnues au patrimoine culturel immatériel Français.
Nous avons été vraiment impressionnés par la force des porteurs de fruits, et nous avons hâte de voir la suite et de découvrir les autres sports traditionnels de la Polynésie.
Nous nous réveillons ce matin, ancré à la pointe Vénus et nous avons le privilège de nous trouver au beau milieu de la régate des pirogues à voile traditionnelles : le va’a ta’ie.
On imagine les ancêtres partant à la pêche dans des pirogues avec la coque creusée dans du Uru, des mâts en bambou, des voiles en pandanus, les cordages en fibres de coco… Aujourd’hui, avec des matériaux modernes, les pirogues à voile allient tradition et modernité.
Après ce spectacle inattendu, nous prenons nos vélos pour nous rendre au parc Vairai et assister aux autres sports traditionnels : la montée au cocotier, le débiteur de coprah, le lever de pierre, la lutte et les lanceurs de javelots.
Il y a un monde fou et nous essayons de trouver les bonnes places pour pouvoir filmer et vous faire participer aussi au spectacle!
Encore une fois, nous sommes impressionnés par la force physique nécessaire. Chaque sport correspond à une activité ancestrale pour se nourrir ou se défendre contre l’ennemi. La tenue traditionnelle avec le paréo et la couronne de feuilles ou de fleurs est obligatoire et elle sera aussi notée par les jury. C’est un régal pour les yeux !
Juillet 2022, Kermotu pose son ancre dans le beau lagon de Tahiti. C’est un mois particulier en Polynésie car c’est le mois du HEIVA, qui signifie » la grande fête ».
Pendant plusieurs semaines, se déroulent des compétitions sportives comme les courses de pirogues, les épreuves de lancer de javelots, de portage de fruits, ou de lever de pierre, mais aussi des manifestations artisanales comme les sculpteurs, les graveurs sur nacre, le tressage de chapeaux et paniers, fabrication de colliers de fleurs et de coquillages…
La danse également est mise à l’honneur avec des groupes des différentes îles. Plusieurs catégories de Danses, avec des solos qui mettent à l’honneur les plus doués. Les prestations sont accompagnées d’un orchestre très dynamique avec de multiples instruments traditionnels dont beaucoup de percussions.
Pour cette première journée, nous nous rendons au parc Paofai, qui longe le port pour assister à l’épreuve de la course des porteurs de fruits.
Les porteurs confectionnent eux-mêmes leur charge. S’ils viennent des îles, il doivent s’occuper de l’acheminement jusqu’à Tahiti. La charge se compose d’un tronc de bois avec des fruits attachés aux deux extrémités. Le poids des charges est entre 30, 40 et 50 kg. Il existe une catégorie pour les femmes aussi : 15 à 30kg
Le porteur doit bien attacher ses fruits avec des matières naturelles car il peut être disqualifié s’il les perd pendant la course. Les charges sont pesées en début et en fin de courses, si une différence de 1 kg est constatée, le porteur est éliminé aussi.
Les fruits utilisés sont les bananes, oranges, manioc, pamplemousse, taro (tubercules). Les coureurs doivent être habillés en costumes traditionnels et pieds nus.
Cette course est un clin d’œil aux ancêtres qui allaient chercher leurs fruits dans les vallées et revenaient avec leur récolte sur un tronc de bambou chargé sur l’épaule. Un jour, deux hommes portant la même charge se sont défiés et de là est née cette compétition.
Kermotu et son équipage a vraiment trouvé son havre de paix dans ce lagon des Gambier.
La vie y est paisible, rythmée par la météo qui permet de sortir toutes les tailles de voiles et de planches… Philippe s’en donne à cœur joie, et emmène souvent « Fifille », le bichon de Ruita, qui commence à réclamer son tour de planche aussi !
Mais à terre, les choses sont plus sérieuses et comme nous avons du temps, nous proposons notre aide pour la fabrication et la mise en place des collecteurs à naissains.
La perle de Tahiti est cultivée exclusivement dans l’huître à lèvres noires, la Pinctada Margaritifera. Ce mollusque a la faculté de se reproduire facilement de façon régulière surtout aux intersaisons.
Lors de la période de ponte des huîtres, des collecteurs sont installés dans le lagon pour permettre aux gamètes mâles et femelles de se mélanger afin de donner naissance à des larves de nacres appelées naissains. Ces collecteurs sont des morceaux de plastique noir accrochés à des cordes. Cela permet de capter les larves des nacres pour qu’elles s’accrochent et grandissent.
L’élevage des bébés nacres est un préalable indispensable à la production des perles. En effet, une huître ne pourra être greffée que lorsqu’elle aura atteint une taille minimale et que certains organes seront suffisamment développés.
Nous voilà donc, petites mains, pour aider à la fabrication de ces sacs.
Cela nous prendra plusieurs jours et lors de la mise à l’eau, nous serons rejoints par François, Didier et Giacomo qui seront d’une aide précieuse pour attacher tous ces sacs au fond de l’eau.
L’archipel des Gambier est un des endroits les plus reculés de la Polynésie.
On a navigué à travers les Tuamotu pendant plusieurs semaines, on a attendu que les vents tournent dans le bon sens pour pouvoir arriver vers cet autre petit paradis. Et on a fini par atteindre ce joli jardin d’Eden.
A l’époque des missionnaires, de nombreuses espèces d’arbres fruitiers ont été amené et planté. Aujourd’hui, les jardins et les montagnes regorgent de toutes sortes de fruits. Certains ne sont même plus trop appréciés tellement le nombre d’arbres est important et tellement ils produisent de fruits. On est toujours étonnés et tristes de voir tous ces fruits tombés par terre, en train de pourrir.
On a remarqué que les populations locales préféraient les sodas et le coca plutôt que de manger un bon pamplemousse ou de se préparer une bonne citronnade.
C’est une chance pour les voyageurs comme nous, qui sommes émerveillés de voir cette abondance partout sur les îles de cet archipel. Et encore plus quand on arrive des lagons des Tuamotu où la majorité des arbres sont des cocotiers, où pratiquement aucun autre fruit ne pousse et que le petit paquet de cinq citrons bien avancés, à l’épicerie, coûte dans les 8 à 10€.
La population est très généreuse et très souvent quand on demande à récupérer quelques fruits tombés sous l’arbre, ils sont heureux de nous les donner et même, souvent ils remplissent nos bras d’autres fruits.
Avec nos amis locaux, nous décidons de préparer du jus de citron qui pourra être conservé et bu quand on sera dans des lieux moins généreux. C’est parti pour le ramassage, le lavage, le pressage de quelques kilos.
Pour obtenir le jus le plus pur, nous laissons reposer quelques jours puis nous filtrons avant d’ajouter le sucre. Les cales de Kermotu se remplissent de bouteilles de jus qui feront la joie de nos invités.
Hermine et Paul ont rejoint la France et nous avons ancré dans notre lagon préféré avec nos très bons amis. Les journées sont plutôt tranquilles entre planche à voile, Kite et Wing à foil dont Philippe devient de plus en plus expert. L’endroit est parfait car on peut partir et revenir au bateau directement. Le plan d’eau est plat car protégé par les patates de corail autour. L’eau sous le bateau est cristalline avec juste un petit courant du large pour la renouveler.
Nous passons beaucoup de temps avec nos amis qui ont décidé d’arrêter la production de perles pour se consacrer à un autre trésor : la culture de la vanille.
La vanille est une orchidée grimpante. Elle a été introduite à Tahiti par les navigateurs il y a plus d’un siècle et demi, de plusieurs sources : Mexique, Antilles, Philippines… Les premiers plants s’adaptèrent très vite et les croisements ont fini par donner la vanille la plus parfumée au monde!
Le vanillier nécessite un support pour grimper et trouver de l’ombre. Dans les vanilleraies, on plante généralement au préalable de petits arbres capables de supporter ultérieurement le poids du vanillier. Le vanillier ne pousse que sous un climat chaud et humide. La floraison ne dure que 6 semaines par an. De plus, la durée de vie des fleurs est d’une journée environ, il faudra polliniser à la main, les fleurs en temps utile pour obtenir des gousses de vanille .
Les gousses apparaitront 2 mois après la pollinisation, mais elles mettent 6 à 9 mois pour murir. Ensuite, il suffit de cueillir délicatement les gousses encore vertes puis c’est le soleil de Polynésie qui les sècheront doucement jusqu’à obtenir une gousse noire.
Ce travail qu’entreprennent Ruita et Rémy est énorme, ils ont déjà une petite vanilleraie pour leur consommation personnelle mais là ils veulent en faire commerce et donc agrandir leur parc.
Après avoir préparé le terrain en coupant les arbres gênants, planté les tuteurs et rempli les allées de bourre de coco et de terreau qu’ils préparent eux-mêmes aussi. ils ont installé les lianes de vanille bouturées sur chaque tuteur, une à une. c’est un travail de plusieurs années.
MAIS le souci majeur est le soleil. La vanille ne doit pas être brulée par son rayonnement puissant et la fabrication d’une ombrière semble être la meilleure solution. Rémy y a beaucoup réfléchi et a commandé le matériel nécessaire. la tâche va être compliquée. Nous sommes prêts pour l’aider mais c’est là qu’interviennent les bateaux copains et le travail qui devait durer un mois est fini en quatre jours !
Quel bonheur de voir la joie et le soulagement dans les yeux de nos amis. Tout se termine par un bon diner chez eux.